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apprêter. Ceux qui ont pesé la force de l’habitude croiront d’abord que des hommes accoutumés à prendre des alimens crus durent trouver aussi désagréables ceux qui étaient cuits que le seraient des plantes ou des viandes crues pour des personnes qui auraient toujours mangé cuites les unes et les autres. Il est remarquable que les habitans de la Terre du Feu produisent le feu par collision, et que les habitans plus heureux de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et de Taïti, l’allument en frottant une substance combustible contre une autre. N’y a-t-il pas quelque raison de supposer que ces différentes opérations répondent à la manière suivant laquelle le hasard a fait connaître cet élément dans la zone torride et dans la zone glaciale ? On ne peut pas supposer que, chez les habitans sauvages d’un pays froid, aucune opération de l’art, ou aucun accident ait produit le feu aussi aisément par frottement que dans un climat chaud, où tous les corps sont chauds, secs et combustibles, et dans lesquels circule un feu caché que le plus léger mouvement suffit pour faire paraître au-dehors. On peut donc imaginer que dans un pays froid le feu a été produit par la collision accidentelle de deux substances métalliques, et que par cette raison les habitans de cette contrée ont employé le même expédient pour le reproduire. Dans un pays chaud, au contraire, où deux corps inflammables s’allument aisément par le frottement, il est probable que le frottement de deux