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les travaux de M. Buchan, montrer à ses amis, en Angleterre, des tableaux de ce pays et de ses habitans : il n’y avait aucune autre personne à bord qui pût les peindre avec autant d’exactitude et d’élégance. M. Buchan avait toujours été sujet à des accès d’épilepsie : il en fut attaqué sur les montagnes de la Terre du Feu, et cette disposition, jointe à une maladie bilieuse qu’il avait contractée pendant la navigation, mit fin à sa vie : on proposa de l’enterrer dans l’ile ; mais M. Banks pensa que cette démarche offenserait peut-être les naturels, dont nous ne connaissions pas encore entièrement les usages et les coutumes, et nous jetâmes le corps du défunt à la mer, avec autant de décence et de solennité que la situation où nous nous trouvions put le permettre.

» Le matin de ce même jour, nous reçûmes une visite des deux chefs, nos amis, Toubouraï-Tamaïdé et Toutahah, qui venaient de l’ouest de l’île ; ils apportaient avec eux, comme emblèmes de la paix, non pas de simples branches de bananiers, mais deux jeunes arbres : ils ne voulurent point se hasarder à venir à bord avant que nous les eussions acceptés ; ce qui s’était passé à la tente leur avait probablement donné de l’inquiétude. Chacun d’eux apportait encore, comme des dons propitiatoires, quelques fruits à pain et un cochon tout apprêté. Ce dernier présent nous fut d’autant plus agréable, que nous ne pouvions pas toujours nous procurer de ces animaux : nous