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qu’on peut supposer être quelquefois à une distance considérable. Ils ont cependant un sac à mailles d’une médiocre grandeur : pour le façonner, ils suivent à peu près la même méthode qu’emploient nos femmes en faisant du filet. L’homme porte un sac attaché sur son dos avec un petit cordon qui passe sur sa tête ; en général, il renferme un morceau ou deux de résine ou autre matière dont il se peignent, quelques hameçons et des lignes, une ou deux des coquilles dont ils forment leurs hameçons, quelques pointes de dards et leurs ornemens ordinaires ; ce qui comprend tous les trésors de l’homme le plus riche qui soit parmi eux.

» Leurs hameçons sont faits avec beaucoup d’art, et quelques-uns d’une petitesse extrême. Pour harponner la tortue, ils ont un petit bâton bien pointu et barbelé, d’environ un pied de long, qu’ils font entrer par le côté opposé à la pointe dans une entaille creusée au bout d’un bâton léger qui est à peu près de la grosseur du poignet, et qui a sept ou huit pieds de longueur : ils attachent au bâton l’extrémité d’une corde, et ils lient l’autre au bout du bâton pointu. En frappant la tortue, le bâton pointu s’enfonce dans l’entaille ; mais lorsqu’il est entré dans le corps de l’animal, et qu’il y est retenu par les barbes, ils en détachent le grand bâton qui, en flottant sur l’eau, sert de trace pour retrouver la proie ; il leur sert aussi à la tirer, jusqu’à ce qu’ils puissent la prendre dans leurs pirogues et la conduire à terre.