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avait été brûlée. Ce fait, joint à ce que nous n’avons jamais découvert parmi eux aucun instrument à couper, nous fit conclure qu’ils tiennent leur barbe et leurs cheveux courts en les brûlant.

» Les deux sexes, comme je l’ai déjà remarqué, vont entièrement nus ; ils ne semblent pas plus regarder comme une indécence de découvrir tout leur corps, que nous d’exposer à la vue d’autrui nos mains et notre visage. Leur principale parure consiste dans l’os qu’ils enfoncent à travers la cloison du nez.

» Toute la sagacité humaine ne peut pas expliquer par quel renversement de goût ils ont pensé que c’était un ornement, et ce qui a pu les porter à souffrir la douleur et les incommodités qu’entraîne nécessairement cet usage, en supposant qu’ils ne l’aient pas adopté de quelque autre nation. Cet os est aussi gros que le doigt ; et comme il a cinq ou six pouces de long, il croise entièrement le visage, et bouche si bien les narines, qu’ils sont obligés de tenir la bouche fort ouverte pour respirer ; aussi nasillent-ils tellement lorsqu’ils veulent parler, qu’ils se font à peine entendre les uns des autres. Nos matelots appelaient cet os, en plaisantant, la vergue de civadière, et véritablement, il formait un coup d’œil si bizarre, qu’avant d’y être accoutumés, il nous fut très-difficile de ne pas en rire. Outre ce bijou, ils ont des colliers faits de coquillages, taillés et attachés ensemble très-proprement ; des bracelets de