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rent pas rassembler plus de quatorze ou quinze combattans, et nous n’avons jamais découvert assez de hangars ou de maisons réunies en village pour en former des troupes plus grandes. Il est vrai que nous n’avons parcouru que la côte orientale de ce continent, et qu’entre cette côte et la côte occidentale s’étend un pays immense, entièrement inconnu ; cependant on a de fortes raisons de croire que ce vaste espace est entièrement désert, ou au moins que la population y est plus faible que dans les cantons que nous avons examinés. Il est impossible que l’intérieur du pays donne dans toutes les saisons de la subsistance à ses habitans, à moins qu’il ne soit cultivé, et il est de même impossible que les insulaires de la côte ignorent entièrement l’art de la culture, si elle est pratiquée plus avant dans les terres. Il n’est pas non plus vraisemblable que, s’ils connaissaient cet art, on n’en retrouvât aucune trace parmi eux. Or, comme nous n’avons pas vu dans tout le pays un pied de terrain qui fût cultivé, l’on peut en conclure que cette partie de la contrée n’est habitée que dans les endroits où la mer fournit des alimens aux hommes.

» La seule tribu avec laquelle nous ayons eu quelque commerce habitait le canton où le vaisseau fut radoubé ; elle était composée de vingt et une personnes, douze hommes, sept femmes, un petit garçon et une fille. Nous n’avons jamais vu les femmes que de loin ; car, lorsque les hommes venaient sur les bords de