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plus mince rameau ; l’arbre continue à porter des fleurs, comme si son intérieur n’était pas habité par de pareils hôtes. Lorsque nous découvrîmes cet arbre pour la première fois, et que nous arrachâmes quelques-unes de ses branches, nous ne fûmes guère moins étonnés que nous l’aurions été si nous avions profané un bosquet enchanté, où tous les arbres blessés par la hache auraient donné des signes de vie ; car nous fûmes à l’instant couverts d’une multitude de ces animaux qui sortaient par essaims de tous les rameaux que nous avions rompus, et qui dardaient contre nous leurs aiguillons avec une violence continuelle.

» Nous avons vu aussi une troisième espèce de fourmis qui avaient leur nid dans la racine d’une plante, croissant comme le gui sur l’écorce d’un arbre ; elles la percent pour s’y loger. Cette racine est ordinairement aussi grosse qu’un navet, et quelquefois elle l’est bien davantage. En la coupant, nous y découvrîmes une quantité innombrable de petits canaux tortueux, tous remplis de ces animaux, qui cependant ne paraissaient pas avoir endommagé la végétation de la plante. Toutes les racines que nous avons rompues étaient habitées, quoiqu’il y en eût quelques-unes qui ne fussent pas plus grosses qu’une noisette. Ces fourmis n’ont guère plus de la moitié de celles d’Angleterre. Leurs aiguillons étaient à peine assez forts pour se faire sentir ; cependant elles nous tourmentaient au moins autant que si elles nous avaient