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au vaisseau, peu contens de ce qui s’était passé dans la journée.

» Nous interrogeâmes plus particulièrement le détachement de garde, qui s’aperçut bientôt que ne nous pouvions pas approuver sa conduite. Les soldats, pour se défendre, dirent que la sentinelle à qui on avait arraché son fusil avait été attaquée et jetée à terre d’une manière violente, et même que le voleur l’avait frappée avant que l’officier eût ordonné de faire feu. Quelques-uns de nos gens prétendirent que, si Ouaou n’était pas instruit qu’on formerait quelque entreprise contre les soldats qui gardaient la tente, il en avait au moins des soupçons ; que c’était pour cela qu’il avait fait tant d’efforts afin de nous empêcher de la quitter ; d’autres expliquèrent son importunité par le désir qu’il avait que nous restassions sur le rivage sans aller dans l’intérieur du pays. On remarqua que, puisque M. Banks venait de tirer sur des canards, Ouaou et les chefs qui nous avaient toujours suivis, lors même que les autres Taïtiens eurent été renvoyés, n’auraient pas pensé, par les coups de fusil qu’ils entendirent, qu’il venait de s’élever une querelle, s’ils n’avaient pas eu des raisons de soupçonner que leurs compatriotes nous avaient fait quelque insulte ; on appuyait ces conjectures sur ce que nous les avions vu remuer les mains pour faire signe aux Taïtiens de se disperser et détacher à l’instant des branches d’arbres qu’ils nous offrirent. Nous n’avons jamais pu