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j’envoyai en avant pour aider les autres bateaux à nous touer.Tous nos efforts auraient été inutiles, si au moment de la crise qui devait décider de notre sort, il ne s’était pas élevé un petit vent si faible, que dans un autre temps nous ne nous en serions pas aperçus ; il fut cependant suffisant pour qu’à l’aide des bateaux nous pussions donner au vaisseau un petit mouvement oblique et nous éloigner un peu du récif. Notre espérance se ranima alors ; mais en moins de dix minutes nous eûmes calme tout plat, et le vaisseau dériva de nouveau vers les brisans, qui n’étaient pas éloignés de six cents pieds. La même brise légère revint pourtant avant que nous eussions perdu l’espace qu’elle nous avait fait gagner, et dura cette seconde fois dix minutes. Sur ces entrefaites, nous découvrîmes une petite ouverture dans le récif à environ un quart de mille ; je dépêchai sur-le-champ un des contre-maîtres pour l’examiner. Il rapporta qu’elle n’était pas plus large que la longueur du vaisseau, mais qu’en dedans l’eau était calme. Cette découverte nous fit penser qu’en conduisant le vaisseau à travers cette coupure, notre salut était encore possible, et sur-le-champ nous tentâmes cette entreprise. Il n’était pas sûr que nous pussions en atteindre l’entrée ; mais, si nous venions à bout de surmonter cette première difficulté, nous ne doutions pas qu’il ne nous fût aisé de passer dans l’ouverture. Cependant nous nous trompâmes ; car, après y être arrivés par le secours de notre