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abondance ; celles que nous prîmes, ainsi que les poissons, furent partagés également parmi tout l’équipage, et le dernier mousse en eut autant que moi. Je pense que tous les commandans qui entreprendront un voyage semblable à celui-ci reconnaîtront qu’il est de leur intérêt de suivre la même règle. Nous trouvâmes sur les grèves sablonneuses et les collines de grès du pourpier en plusieurs endroits, et une espèce de fève qui croît sur une tige rampante ; le pourpier était très-bon bouilli ; les fèves furent très-salutaires à nos malades. Cependant le meilleur herbage qu’on puisse s’y procurer, est le chou caraïbe, qui n’est pas fort inférieur à l’épinard, dont il a un peu le goût ; il est vrai que la racine n’en est pas bonne ; mais il est probable qu’on pourrait la rendre meilleure en la cultivant ; on le trouve principalement dans les terrains où il y a des fondrières. Le peu de choux palmistes que nous y cueillîmes étaient en général petits, et la partie mangeable était si peu de chose, qu’elle ne valait pas la peine qu’on se donnait à les chercher. Le 15 août, dès que nous eûmes gagné le dehors des brisans, nous n’eûmes point de fond à cent cinquante brasses, et nous trouvâmes une grosse mer qui venait du sud-est, signe certain qu’il n’y avait près de nous ni banc ni terre dans cette direction.

» Le changement de notre situation se manifesta sur tous les visages, parce qu’il était vivement senti par tout le monde : nous avions