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il s’arrêta à plusieurs reprises et à différentes distances, et parla. Nous lui répondîmes par tous les signes d’amitié que nous pûmes imaginer : sur quoi ce vieillard, que nous supposions être un messager de paix, se retourna et dit quelques paroles d’un ton élevé à ses compatriotes, qui dressèrent leurs javelines contre un arbre, et qui s’approchèrent de nous d’un air pacifique. Quand ils nous eurent abordés, nous leur rendîmes les dards et les javelines que nous leur avions pris, et nous remarquâmes avec beaucoup de satisfaction que la réconciliation était achevée. Il y avait dans cette troupe d’Indiens quatre hommes que nous n’avions pas encore vus, et qu’on introduisit auprès de nous, comme à l’ordinaire, en les annonçant par leur nom. L’homme qui fut blessé dans l’entreprise qu’ils formèrent pour brûler nos filets et nos toiles n’était point parmi eux : nous savons cependant qu’à raison de l’éloignement, sa blessure ne pouvait pas être dangereuse. Nous leur donnâmes en présent toutes les bagatelles que nous avions, et ils s’en revinrent avec nous vers le vaisseau. Chemin faisant, ils dirent par signes qu’ils ne mettraient plus le feu à l’herbe : nous leur distribuâmes des balles de fusil, en tâchant de leur faire comprendre quels en étaient les usages et les effets. Lorsqu’ils furent vis-à-vis du vaisseau, ils s’assirent, et nous ne pûmes les engager à monter à bord. Nous les quittâmes donc : ils s’en allèrent environ deux heures après, et