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de javelines qu’ils n’avaient encore fait auparavant ; et, après les avoir placées sur un arbre, ils chargèrent un homme et un enfant de les garder : les autres arrivèrent à bord. Nous remarquâmes bientôt qu’ils avaient résolu de se procurer une de nos tortues, qui était probablement une aussi grande friandise pour eux que pour nous : ils nous la demandèrent d’abord par signes, et, sur notre refus, ils témoignèrent par leurs regards et par leurs gestes beaucoup de ressentiment et de colère. Nous n’avions alors aucun mets apprêté ; mais j’offris à l’un d’eux du biscuit, qu’il m’arracha de la main, et qu’il jeta dans la mer avec un dédain très-marqué ; un autre réitéra la première demande à M. Banks, et, sur un second refus, il frappa du pied le tillac, et le repoussa dans un transport d’indignation. Après s’être adressés inutilement tour à tour à presque toutes les personnes qui semblaient avoir quelque autorité sur le vaisseau, ces Indiens saisirent tout à coup deux tortues, et les traînèrent vers le côté du bâtiment où était leur pirogue ; nos gens les leur reprirent bientôt de force, et les replacèrent avec les autres. Ils ne voulurent cependant pas abandonner leur entreprise : ils firent plusieurs nouvelles tentatives ; et, voyant que c’était toujours avec si peu de succès, ils sautèrent de rage dans leur pirogue, et ramèrent vers la côte. Je m’embarquai en même temps dans le canot avec M. Banks et six matelots, et j’arrivai avant eux à terre, où plusieurs de nos gens étaient