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soupçonnâmes qu’à notre arrivée ils avaient retiré ces animaux dans l’intérieur du pays ; nous étions d’autant plus portés à le croire, qu’Ouaou n’avait cessé de nous faire signe de ne pas aller dans le bois ; c’est pour cela que malgré son avis nous résolûmes d’y pénétrer. Après avoir commandé treize soldats de marine et un officier subalterne pour garder la tente, nous partîmes suivis d’un grand nombre de Taïtiens. En traversant une petite rivière qui était sur notre passage, nous vîmes quelques canards ; dès que nous fûmes à l’autre extrémité, M. Banks tira sur ces oiseaux et en tua trois d’un coup : cet accident répandit la terreur parmi les Taïtiens ; la plupart tombèrent sur-le-champ à terre comme s’ils avaient été frappés par l’explosion du fusil ; peu de temps après cependant ils revinrent de leur frayeur, et nous continuâmes notre route. Nous n’allâmes pas loin sans être alarmés par deux coups de fusil que notre garde tira dans la tente : nous étions alors un peu écartés les uns des autres ; mais Ouaou nous eut bientôt rassemblés, et d’un geste de la main il renvoya tous ses compatriotes qui nous suivaient, excepté trois qui, pour nous donner un gage de paix et nous prier d’avoir à leur égard les mêmes dispositions, coururent en hâte rompre les branches d’arbres, et revinrent à nous en les portant dans leurs mains. Nous avions trop de raisons de craindre qu’il ne nous fut arrivé quelque désastre ; nous retournâmes donc à grands pas vers la tente, dont