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seconde il tint fortement. Nous mîmes à la mer plusieurs objets dont nous fîmes un radeau le long du vaisseau : heureusement la marée montait, et à une heure de l’après-midi, le bâtiment flotta. Nous le remorquâmes bientôt dans le havre ; et, après l’avoir amarré le long d’une grève escarpée, nous portâmes à terre, avant la nuit, les ancres, les câbles, et toutes les haussières.

» Bientôt l’on s’occupa de radouber le vaisseau. Les rochers avaient fait une ouverture à travers quatre bordages, et même dans les couples ; trois autres bordages étaient fort endommagés, et ces trous offraient un coup d’œil très-extraordinaire. On ne voyait pas un seul éclat de bois, le tout était aussi uni que s’il avait été coupé avec un instrument. Heureusement les couples étaient très-bien joints dans cette partie du vaisseau, sans cela il aurait été absolument impossible de le sauver ; sa conservation dépendit d’une autre circonstance qui est encore plus remarquable : l’un des trous était assez large pour nous couler à fond, quand même nous aurions fait aller continuellement huit pompes au lieu de quatre ; mais par bonheur il se trouva en grande partie bouché par un morceau de rocher qui, après avoir fait l’ouverture, y était resté engagé. L’on peut juger de ce qui serait arrivé, si ce trou n’avait pas été rempli d’une manière si singulière. Le 14 juillet, M. Gore, qui fit une promenade dans l’intérieur du pays avec son fusil, tua une