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des bagatelles auxquelles nous ne faisions pas grande attention. Nous travaillâmes ensuite à guinder le mât de hune et la vergue de misaine ; à onze heures nous remîmes enfin à la voile, et à la faveur d’une brise de mer nous portâmes vers la terre.

» Il était cependant impossible de continuer long-temps le travail par lequel on avait fait franchir la voie d’eau par les pompes ; et comme on ne pouvait pas découvrir exactement où elle se trouvait, nous n’avions point d’espoir de l’arrêter en dedans. Sur ces entrefaites M. Monkhouse, un des midshipmen, me proposa un expédient dont il s’était servi à bord d’un vaisseau marchand qui, faisant plus de quatre pieds d’eau par heure, fut pourtant ramené sain et sauf de la Virginie à Londres. Le maître du vaisseau avait eu tant de confiance dans cet expédient, qu’il avait remis en mer son bâtiment, quoiqu’il connût son état, ne croyant pas qu’il fût nécessaire de boucher autrement sa voie d’eau. Je n’hésitai point à laisser à M. Monkhouse le soin d’employer le même expédient. Voici comment il exécuta cette opération : il prit une des voiles appelées bonnettes basses, et après avoir mêlé ensemble une grande quantité d’étoupe et de laine hachées très-menu, il appliqua le mélange par poignée sur la voile, aussi légèrement qu’il lui fut possible, et il étendit par-dessus le fumier de notre bétail et d’autres ordures : si nous avions eu du fumier de cheval, il aurait été meilleur. Lorsque la voile fut ainsi