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pouces sur les pompes, différence qui était entre le bordage du dehors et celui de l’intérieur. À cette nouvelle, le plus intrépide fut sur le point de renoncer à son travail ainsi qu’à ses espérances, ce qui aurait bientôt jeté tout l’équipage dans la confusion et le désespoir. Quelque terrible que fût d’abord pour nous cet incident, il devint par occasion la cause de notre salut : l’erreur fut bientôt découverte, et la joie subite que ressentit chacun de nous en trouvant que sa situation n’était pas aussi dangereuse qu’il l’avait craint, produisit une espèce d’enchantement qui fit croire à tout l’équipage qu’à peine restait-il encore quelque péril réel. Cette confiance et cet espoir mal fondés inspirèrent une nouvelle vigueur ; et, quoique notre état fût le même que lorsque la fatigue et le découragement firent rebuter le travail, cependant les efforts se succédèrent avec tant de courage et d’activité, qu’avant huit heures du matin les pompes avaient gagné considérablement sur la voie d’eau. Chacun parlait alors de conduire le vaisseau dans quelque havre, comme d’un projet sur lequel il n’y avait pas à balancer ; tous ceux qui n’étaient pas occupés aux pompes travaillèrent à relever les ancres. Nous avions pris à bord l’ancre de toue et la seconde ancre ; mais il nous fut impossible de sauver la petite ancre d’affourche, et nous fûmes obligés d’en couper le câble ; nous perdîmes aussi le câble de l’ancre de toue parmi les rochers ; dans notre situation ces pertes étaient