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» Je pris donc un détachement, et je débarquai sans délai, accompagné de MM. Banks et Solander, et de l’astronome M. Green. Nous nous fixâmes à la pointe nord-est de la baie, sur une partie de la plage qui, à tous égards, était très-propre à remplir notre objet, et aux environs de laquelle il n’y avait aucune habitation de Taïtiens. Après que nous eûmes marqué le terrain que nous voulions occuper, nous dressâmes une petite tente qui appartenait à M. Banks. Sur ces entrefaites un grand nombre de naturels s’étaient rassemblés autour de nous ; mais il nous sembla que c’était seulement pour nous regarder, car ils n’avaient aucune espèce d’armes. J’ordonnai néanmoins qu’excepté Ouaou et un autre qui paraissait un chef, personne ne passât la ligne que j’avais tracée. Je m’adressai à ces deux Taïtiens, et je tâchai de leur faire entendre par signes que nous avions besoin de ce terrain pour y dormir pendant un certain nombre de nuits, et qu’ensuite nous nous en irions. Je ne sais pas s’ils comprirent ce que je voulais leur expliquer, mais tous les naturels se comportèrent avec une déférence et un respect qui nous causèrent à la fois du plaisir et de la surprise : ils s’assirent paisiblement hors de l’enceinte, et regardèrent jusqu’à la fin, sans nous interrompre, des travaux qui durèrent plus de deux heures. Comme nous n’avions vu que deux cochons et point de volaille dans la promenade que nous fîmes lorsque nous débarquâmes dans cet endroit, nous