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de ces peuples dans la facilité avec laquelle des blessures très-récentes se guérirent, et se cicatrisèrent. Ayant examiné un homme qui avait reçu une balle de fusil à travers la partie charnue du bras, sa blessure paraissait en si bon état et si près d’être guérie, que, si je n’avais pas été sûr qu’on n’y avait rien mis, j’aurais, pour l’intérêt de l’humanité, pris des informations sur les plantes vulnéraires, et sur les pratiques chirurgicales du pays.

» Ce qui prouve encore que les habitans de ce pays sont exempts de maladie, c’est le grand nombre de vieillards que nous avons vus, et dont plusieurs, à en juger par la perte de leurs cheveux et de leurs dents, semblaient être très-âgés : cependant aucun d’eux n’était décrépit, et quoiqu’ils n’eussent plus dans les muscles autant de force que les jeunes insulaires, ils n’étaient ni moins gras ni moins vifs.

» L’industrie de ces peuples se montre principalement dans leurs pirogues ; elles sont longues et étroites, et d’une forme très-ressemblante aux canots dont on se sert pour la pêche de la baleine dans la Nouvelle-Angleterre. Les plus grandes de ces pirogues semblent être-destinées principalement à la guerre, et portent de quarante à quatre-vingts ou cent hommes armés. Nous en mesurâmes une qui était à terre à Tolaga ; elle avait soixante-huit pieds et demi de long, cinq de large, et trois et demi de profondeur. Le fond était aigu, avec les côtés droits, en forme de coins. Il était composé de trois