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» Nous n’avons pas découvert qu’ils aient d’autre boisson que l’eau. Si réellement ils ne font point usage de liqueurs enivrantes, ils sont en ce point plus heureux que tous les autres peuples que nous avions visités jusque-là, ou dont nous ayons jamais entendu parler.

» Comme l’intempérance et le défaut d’exercice sont peut-être l’unique principe des maladies aiguës ou chroniques, il ne paraîtra pas surprenant que ces peuples jouissent sans interruption d’une santé parfaite. Toutes les fois que nous sommes allés dans leurs bourgs, les enfans et les vieillards, les hommes et les femmes se rassemblaient autour de nous, excités par la même curiosité qui nous portait à les regarder ; nous n’en avons jamais aperçu un seul qui parût affecté de maladie ; et parmi ceux que nous avons vus entièrement nus, nous n’avons jamais remarqué la plus légère éruption sur la peau, ni aucune trace de pustules ou de boutons. Lorsqu’ils vinrent près de nous dans les premières visites, et que nous observâmes sur différentes parties de leur corps des taches blanches qui semblaient former une croûte, nous crûmes qu’ils étaient lépreux, ou au moins attaqués violemment du scorbut ; mais, en examinant ces marques de plus près, nous trouvâmes qu’elles provenaient de l’écume de la mer, qui dans le passage les avait mouillés, et qui, s’étant desséchée, avait laissé sur la peau le sel en poudre blanche très-fine.

» Nous avons vu une autre preuve de la santé