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comme je l’ai déjà dit, et lorsqu’elles les laissent croître, elles ne les attachent jamais sur le sommet de la tête ; elles n’y mettent pas non plus des plumes pour ornemens. Leurs vêtemens sont faits de la même manière et dans la même forme que ceux de l’autre sexe ; mais celui d’en bas enveloppe toujours le corps, excepté quand elles entrent dans l’eau pour prendre des homards ; elles l’ôtent alors, mais elles ont grand soin de n’être pas vues par les hommes. Ayant débarqué un jour sur une petite île, dans la baie de Tolaga, nous en surprîmes plusieurs dans cette occupation. La chaste Diane et ses nymphes ne peuvent pas avoir donné de plus grandes marques de confusion et de regret à la vue d’Actéon que ces femmes en témoignèrent à notre approche. Les unes se cachèrent parmi des rochers, et le reste se tapit dans la mer jusqu’à ce qu’elles eussent fait une ceinture et un tablier des herbes marines qu’elles purent trouver ; et lorsqu’elles en sortirent, nous remarquâmes que même avec ce voile leur modestie souffrit beaucoup de notre présence.

» Les deux sexes percent leurs oreilles, et en agrandissent les trous, de manière qu’on peut y faire entrer au moins un doigt. Ils passent dans ces trous des ornemens de différente espèce, de l’étoffe, des plumes, des os de grands oiseaux, et quelquefois un petit morceau de bois. Ils y mettaient ordinairement les clous que nous leur donnions, ainsi