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scrupule de tous leurs vêtemens, excepté de la ceinture et du cordon ; mais ils étaient très-confus lorsque, pour satisfaire notre curiosité nous les invitions à délier le cordon ; ils n’y consentirent jamais qu’avec des marques de répugnance et de honte extrêmes. Quand ils n’ont que leurs vêtemens de dessus et qu’ils s’accroupissent, ils ressemblent un peu à une maison couverte de chaume. Quoique cette couverture soit désagréable, elle est bien adaptée à la manière de vivre d’hommes qui couchent souvent en plein air, sans avoir autre chose pour se mettre à l’abri de la pluie.

» Outre l’espèce d’étoffe grossière dont nous venons de parler, ils en ont deux autres qui ont la surface unie, et qui sont faites avec beaucoup d’art, de la même manière que celles qui sont fabriquées par les habitans de l’Amérique méridionale, et dont nous avions acheté quelques pièces à Rio-Janéiro. L’une de celles-ci est aussi grossière, mais dix fois plus forte que nos serpillières les plus mauvaises ; pour la manufacturer, ils en arrangent les fils à peu près comme nous. La seconde se fait en étendant plusieurs fils près les uns des autres, dans la même direction, ce qui compose la chaîne, et d’autres fils en travers qui servent de trame ; ces fils sont éloignés d’environ un demi-pouce les uns des autres, et ressemblent un peu aux morceaux de rotin dont on fait de petites nattes rondes qu’on place quelquefois sur les tables, sous les plats. Cette étoffe est souvent rayée,