Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ches noires nommées amoco ; ils emploient pour les y imprimer la même méthode dont on se sert à ïaïti pour se tatouer ; mais les hommes ont un plus grand nombre de ces marques que les femmes : celle-ci ne peignent en général que leurs lèvres ; cependant quelques-unes avaient ailleurs de petites taches noires. Les hommes au contraire semblent ajouter quelque chose toutes les années à ces bizarres ornemens ; de sorte que plusieurs d’entre eux qui paraissaient d’un âge avancé étaient presque couverts de ces taches de la tête aux pieds. Outre l’amoco, ils s’impriment sur le corps d’autres marques extraordinaires, par un moyen que nous ne connaissons pas : ce sont des sillons d’environ une ligne de profondeur et d’une largeur égale, tels qu’on en aperçoit sur un jeune arbre auquel on a fait une incision. Les bords de ces sillons sont dentelés, toujours en suivant la même méthode ; devenus parfaitement noirs, ils présentent un aspect effrayant. Le visage des vieillards est presque entièrement couvert de ces marques ; les jeunes gens ne noircissent que leurs lèvres, comme les femmes ; ils ont communément une tache noire sur une joue et sur un œil, et procèdent ainsi par degrés, jusqu’à ce qu’ils deviennent vieux, et par-là plus respectables. Quoique nous fussions dégoûtés de l’horrible difformité que ces taches et ces sillons impriment au visage de l’homme, nous ne pouvions nous empêcher d’admirer l’art et la dextérité avec laquelle ils les impriment sur