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du grand Océan n’avaient pas l’idée de l’indécence, soit par rapport aux objets, soit par rapport aux actions. Il n’en était pas de même des habitans de la Nouvelle-Zélande ; nous avons aperçu dans leur commerce et leur maintien autant de réserve, de décence et de modestie, relativement à des actions qu’ils ne croient pourtant pas criminelles, qu’on en trouve parmi les peuples les plus civilisés de l’Europe. Les femmes n’étaient pas inaccessibles ; mais la manière dont elles se rendaient était aussi décente que celle dont une femme parmi nous cède aux désirs de son mari ; et, suivant leurs idées, la stipulation du prix de leurs faveurs est aussi innocente. Lorsque quelqu’un de l’équipage faisait des propositions à une de leurs jeunes femmes, elle lui donnait à entendre qu’elle avait besoin du consentement de sa famille, et on l’obtenait ordinairement au moyen d’un présent convenable. Ces préliminaires une fois établis, il fallait encore traiter la femme d’une nuit avec la même délicatesse que l’on a en Europe pour l’épouse à vie ; et l’amant qui s’avisait de prendre avec elle des libertés contraires à ces égards était bien sûr de ne pas réussir dans son projet.

» Un de nos officiers s’étant adressé, pour avoir une femme, à une des meilleurs familles du pays, en reçut une réponse qui, traduite en notre langue, répond exactement à ces termes : « Toutes ces jeunes femmes se trouveront fort honorées de vos déclarations ; mais vous