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friandises qui étaient à sa portée. Cette scène aurait pu devenir plus intéressante et plus curieuse, si elle n’avait pas été interrompue par un incident plus sérieux. M. Solander et M. Monkhouse se plaignirent qu’on les avait volés ; le premier avait perdu une petite lunette dans une boîte de chagrin, et le second sa tabatière. Malheureusement cet événement mit fin à la bonne humeur de la compagnie ; on porta des plaintes du délit au chef ; et, afin de leur donner du poids, M. Banks se leva avec vivacité, et frappa la terre de la crosse de son fusil. Toute l’assemblée fut pénétrée de frayeur en voyant ce mouvement et entendant le bruit : excepté le chef, trois femmes et deux ou trois autres naturels qui, par leur habillement, semblaient être d’un rang supérieur, tous les autres s’enfuirent avec la plus grande précipitation.

» Le chef portait sur son visage des marques de confusion et de douleur ; il prit M. Banks par la main, et le conduisit à l’autre bout de l’habitation où il y avait une grande quantité d’étoffes : il les lui offrit pièce à pièce, en lui faisant entendre par signes que, si cela pouvait expier l’action qui venait de se commettre, il était le maître d’en prendre une partie, et même le tout, s’il voulait. M. Banks rejeta cette offre et lui fit comprendre qu’il ne voulait rien que ce qu’on avait dérobé malhonnêtement. Toubouraï-Tamaïdé sortit en grande hâte, laissant M. Banks avec Tomio, qui, pendant toute cette scène de désordre et de terreur, s’était tou-