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envers leurs ennemis, à qui, comme je l’ai déjà remarqué, ils ne font point de quartier. Peut-être paraîtra-t-il étrange que les guerres soient fréquences dans un pays où il y a si peu d’avantages à obtenir par la victoire, et que chaque canton d’une contrée habitée par un peuple si pacifique et si doux soit l’ennemi de tout ce qui l’environne. Mais il est possible que parmi ces insulaires les vainqueurs retirent de leurs succès plus d’avantages qu’on ne l’imagine au premier coup d’œil, et qu’ils soient portés à des hostilités réciproques par des motifs que l’attachement et l’amitié ne sont pas capables de surmonter. Il paraît que leur principale nourriture est le poisson, et qu’ils ne peuvent se le procurer que sur la côte de la mer, qui ne leur en fournit une quantité suffisante que dans une certaine saison. Les tribus qui vivent dans l’intérieur des terres, s’il s’y en trouve, et même celles qui habitent la côte, doivent courir souvent le risque de mourir de faim. Leur pays ne produit ni moutons, ni chèvres, ni cochons, ni bétail ; ils n’ont point de volailles apprivoisées, et ils ne connaissent pas l’art de prendre des oiseaux sauvages en assez grand nombre pour fournir à leur nourriture. Si des voisins les empêchent de pêcher du poisson, qui supplée à presque toutes les autres nourritures animales, ils n’ont, à l’exception des chiens, pour leur subsistance, que les végétaux dont nous avons parlé, et dont les principaux sont la racine de fougère, les ignames