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» La taille des insulaires est en général égale à celle des Européens les plus grands : ils ont les membres forts, charnus et bien proportionnés ; mais ils ne sont pas aussi gras que les oisifs et voluptueux naturels des îles du grand Océan ; ils sont extraordinairement alertes et vigoureux, et on aperçoit dans tout ce qu’ils font une adresse et une dextérité peu communes. J’ai vu quinze pagaies nager d’un côté d’une pirogue avec une vitesse incroyable, et cependant les rameurs gardaient aussi exactement la mesure que si tous leurs bras avaient été animés par une même âme. Leur teint, en général, est brun ; bien peu l’ont plus foncé qu’un Espagnol qui s’expose constamment au soleil ; la plupart sont moins basanés. Les femmes n’offrent pas l’apparence de délicatesse qui est propre à leur sexe ; pourtant leur voix est d’une douceur remarquable, et sert surtout à les distinguer, car l’habillement des deux sexes est le même ; toutefois leur visage, comme celui des femmes des autres pays, a plus de gaîté, d’enjouement et de vivacité que celui des hommes. Les Zélandais ont les cheveux et la barbe noire ; les dents bien rangées et aussi blanches que l’ivoire. Ils jouissent d’une santé robuste, plusieurs nous parurent fort âgés. Les traits des deux sexes sont beaux. Les hommes et les femmes semblent être d’un caractère doux et affable ; ils se traitent les uns les autres de la manière la plus tendre et la plus affectueuse ; mais ils sont implacables