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nombrables sur les bancs ; ils sont pris au filet par les naturels du pays, qui nous en vendaient à très-bon marché. Plusieurs sortes de poissons étaient nouvelles pour nous : quelques-uns ressemblaient aux carrelets, aux limandes, aux congres, aux raies ; les matelots eurent bientôt donné des noms à tous. Le mets le plus délicat que nous procurait la mer était une espèce de homard, probablement la même que celle qui, d’après le voyage d’Anson, se trouve à l’île de Juan Fernandès, mais seulement un peu moins grosse. Il est rouge en sortant de l’eau. Les insulaires du nord les prennent en plongeant près de la côte, et les dégagent avec leurs pieds du fond où ils se tiennent. Les coquillages, notamment les cames, les pétoncles et les huîtres, abondent aussi sur cette côte.

» Des forêts d’une plus grande étendue sont remplies d’arbres les plus droits et les plus gros que nous ayons jamais vus, et dont les bois sont très-bons pour la charpente ; mais, pour la mâture, j’ai observé qu’il sont trop durs et trop pesans. Un arbre de la grosseur d’un chêne frappa nos yeux par sa fleur d’un ronge éclatant ; elle est comme composée de plusieurs houppes. Le bois en est extrêmement dur et pesant, et excellent pour tous les ouvrages de moulin. Un autre arbre très-élevé et très-droit croît dans les marais ; il est assez gros pour en faire des mâts de vaisseaux de la plus grande dimension, et, si l’on peut en juger par le grain, il parait très-solide. Notre charpentier