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nies décrites plus haut, et que nous avions mieux apprises. Après avoir reçu la branche qu’il nous présenta et lui en avoir donné une autre en retour, nous mîmes la main sur la poitrine ; et prononçant le mot taïo, qui signifie ami, le chef nous fit entendre que, si nous voulions manger, il était prêt à nous faire servir. Nous acceptâmes son offre, et nous dînâmes de très-bon cœur avec du poisson, du fruit à pain, des cocos, et des bananes apprêtées à leur manière. Ils mangeaient du poisson cru, et nous en présentèrent ; mais ce mets n’était pas de notre goût, et nous le refusâmes.

» Pendant cette visite, une femme de notre hôte, appelée Tomio, fit à M. Banks l’honneur de se placer près de lui sur la même natte. Tomio n’était pas dans la première fleur de l’âge, et elle ne nous parut point avoir jamais été remarquable par sa beauté : c’est pour cela, je pense, que M. Banks ne lui fit pas un accueil bien flatteur. Cette femme essuya une autre mortification : sans faire attention à la dignité de sa compagne, M. Banks, voyant parmi la foule une jolie petite fille, lui fit signe de venir à lui ; la jeune fille se fit un peu presser, et vint enfin s’asseoir de l’autre côté de M. Banks : il la chargea de petits présens et de toutes les brillantes bagatelles qui pouvaient lui faire plaisir. La princesse, quoique mortifiée de la préférence qu’on accordait à sa rivale, ne cessa pourtant pas ses attentions pour M. Banks ; elle lui donnait le lait des cocos et toutes les