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dans peu arriver leurs ennemis pour venger la mort des sept qui avaient été tués et mangés.

» Le 18, les Indiens furent plus tranquilles qu’à l’ordinaire ; aucune pirogue ne s’approcha du vaisseau, nous n’aperçûmes personne sur la côte ; leurs pêches et leurs autres occupations journalières étaient entièrement suspendues. Nous pensâmes qu’ils se préparaient à se défendre contre une attaque ; nous fîmes en conséquence plus d’attention à ce qui passait à terre ; mais nous ne vîmes rien qui pût satisfaire notre curiosité.

» Après avoir déjeuné, nous nous embarquâmes dans la pinasse pour examiner la baie, qui était d’une vaste étendue, et composée d’une infinité de petits havres et d’anses dans toutes les directions : nous bornâmes notre excursion au coté occidental ; le canton où nous débarquâmes était couvert d’une forêt impénétrable ; nous ne pûmes rien voir de remarquable. Nous tuâmes cependant un grand nombre de cormorans que nous vîmes perchés sur leurs nids dans les arbres, et qui, étant rôtis ou cuits à l’étuvée, firent un excellent mets. En revenant nous aperçûmes un seul Indien pêchant dans une pirogue : nous ramâmes vers lui, et, à notre grande surprise, il ne fit pas la moindre attention à nous : lors même que nous fûmes près de lui, il continua son occupation, s’embarrassant aussi peu de nous que si nous eussions été invisibles : il ne paraissait cependant ni stupide ni de mauvaise humeur. Nous le