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en être approchés, nous reconnûmes que c’était le corps d’une femme, qui, suivant toute apparence, était morte depuis peu de jours. Quand nous fûmes arrivés à l’anse, nous y mîmes à terre, et nous trouvâmes une petite famille d’Indiens auxquels notre approche inspira vraisemblablement beaucoup d’effroi, car ils s’enfuirent tous, à l’exception d’un seul. Une conversation entre celui-ci et Topia ramena bientôt les autres, hormis un vieillard et un enfant qui s’étaient retirés dans le bois, d’où ils nous épiaient secrètement. La curiosité nous porta naturellement à faire à ces sauvages des questions sur le corps de la femme que nous avions vu flotter sur l’eau. Ils nous répondirent, par l'entremise de Topia, que c’était une de leurs parentes, morte de sa mort naturelle, qu’après avoir attaché, suivant leur coutume, une pierre au cadavre, ils l’avaient jeté dans la mer, et que probablement le corps s’était séparé de la pierre.

» Lorsque nous allâmes à terre, ces Indiens étaient occupés à apprêter leurs alimens, et ils faisaient cuire alors un chien dans leur four ; il y avait près de là plusieurs paniers de provisions. En jetant par hasard les yeux sur un de ces paniers, à mesure que nous passions, nous aperçûmes deux os entièrement rongés, qui ne nous parurent pas être des os de chiens, et que nous reconnûmes pour des os humains après les savoir examinés de plus près. Ce spectacle nous frappa d’horreur, quoiqu’il