Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seau sans beaucoup de sollicitations de notre part, et ils se comportèrent de manière à ne nous laisser aucun lieu de soupçonner qu’ils pensassent désormais à nous offenser.

» Lorsque le vaisseau fut dans une eau plus profonde et en sûreté, je fis mettre en mer la pinasse et l’iole équipées et armées ; je m’embarquai avec MM. Banks et Solander, et j’allai à terre sur une île qui était éloignée d’environ trois quarts de mille. Nous remarquâmes que les pirogues qui entouraient le vaisseau ne nous suivirent pas quand nous le quittâmes ; ce que nous regardâmes comme un augure favorable ; mais nous n’eûmes pas plus tôt débarqué, qu’elles accoururent vers différentes parties de l’île, et descendirent à terre ; nous étions entrés dans une anse depuis quelques minutes, quand nous fûmes environnés par environ trois cents insulaires ; quelques-uns sortaient du fond de l’anse, d’autres venaient du sommet des collines ; ils étaient tous armés ; mais ils s’approchèrent avec tant de désordre et de confusion, que nous ne les soupçonnâmes guère de vouloir nous faire du mal, et nous résolûmes de ne pas commencer les hostilités les premiers. Marchant à leur rencontre, nous traçâmes sur le sable entre eux et nous une ligne que nous leur dîmes par signes de ne pas passer : ils restèrent d’abord paisibles ; cependant leurs armes étaient toutes prêtes à frapper, et ils semblaient plutôt irrésolus que pacifiques. Pendant que nous étions en suspens, une autre troupe d’Indiens s’avan-