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demi-acre de terrain, planté de citrouilles et de patates douces ; c’était le seul endroit cultivé de la baie ; on voit deux rochers au pied de la pointe sur laquelle est construite cette fortification, l’un entièrement détaché de la grande terre, et l’autre qui ne l’est pas tout-à-fait ; ils sont petits tous les deux, et ils paraissent plus propres à servir de retraite aux oiseaux qu’aux hommes ; cependant il y a des maisons et des places de défense sur chacun d’eux. Nous aperçûmes plusieurs autres ouvrages de même nature sur de petites îles, des rochers et des sommets de collines en différentes parties de la côte, outre quelques autres bourgs fortifiés qui semblaient être plus considérables que celui-ci.

» Les hostilités continuelles dans lesquelles doivent vivre nécessairement ces pauvres sauvages, qui ont fait un fort de chaque village, expliqueront pourquoi ils ont si peu de terres cultivées ; et comme les malheurs s’engendrent souvent les uns sur les autres, on en conclura peut-être qu’ils sont d’ailleurs perpétuellement en guerre, parce qu’ils n’ont qu’une petite quantité de terrain mis en culture. Il est néanmoins, très-surprenant que l’industrie et le soin qu’ils ont employés à bâtir presque sans outils des places si propres à la défense, ne leur aient pas fait inventer, par la même raison, une seule arme de trait, à l’exception de la lance, qu’ils jettent avec la main. Ils ne connaissent point l’arc pour les aider à décocher un dard, ni la fronde pour lancer une pierre ;