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large et quarante-cinq de haut, présentait une partie de la baie et des collines de l’autre côté qu’on voyait au travers. Ce coup d’œil inattendu produisait un effet bien supérieur à toutes les inventions de l’art.

En retournant le soir au lieu de l’aiguade, ils trouvèrent un vieillard qui les retint pendant quelque temps pour leur montrer les exercices militaires du pays, avec les lances et les patou-patous, qui sont les seules armes en usage chez les Indiens. La lance, faite d’un bois très-dur et pointue aux deux bouts, a dix à quatorze pieds de long. Nous avons déjà donné la description du patou-patou ; il a environ un pied de long ; il est fait de talc ou d’os, et a un tranchant aigu ; ils s’en servent comme d’une hache de bataille. L’Indien s’avançait avec un visage plein de fureur contre un poteau ou pieu qui représentait l’ennemi ; il agitait ensuite sa lance qu’il serrait avec beaucoup de force. Quand son fantôme d’adversaire était censé avoir été percé de sa lance, il courait sur lui avec son patou-patou, et, fondant sur l’extrémité supérieure du poteau qui figurait la tête de son rival, il y frappait un grand nombre de coups avec tant de force, que chaque coup aurait probablement suffi pour fendre le crâne d’un bœuf. Comme ce champion assaillit encore son ennemi avec le patou-patou, après l’avoir percé de sa lance, nos officiers conclurent que dans les batailles ces peuples ne font point de quartier.