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les bois. Chemin faisant, nous leur distribuâmes de la verroterie, et d’autres petits présens, et nous eûmes la satisfaction de voir qu’ils leur faisaient beaucoup de plaisir. Notre marche fut de quatre à cinq milles, au milieu de bocages qui étaient chargés de cocos et de fruits à pain, et qui donnaient l’ombrage le plus agréable. Les habitations de ce peuple, situées sous ces arbres, n’ont la plupart qu’un toit, sans murailles, et l’ensemble de la scène réalisait ce que les fables poétiques nous racontent de l’Arcadie. Nous remarquâmes pourtant avec regret que dans toute notre course nous n’avions aperçu que deux cochons, et pas une volaille. Ceux des nôtres qui avaient été de l’expédition du Dauphin nous dirent que nous n’avions pas encore vu les Indiens de la première classe. Ils soupçonnèrent que les chefs s’étaient éloignés ; ils voulurent nous conduire à l’endroit, où était situé, dans le premier voyage, ce qu’ils appelaient le palais de la reine, mais nous n’en trouvâmes aucun vestige : nous nous décidâmes à revenir le lendemain matin, et à faire des efforts pour découvrir la noblesse dans ses retraites.

» Dès le grand matin du 14 avril, avant que nous fussions sortis du vaisseau, quelques pirogues, dont la plupart venaient du côté de l’ouest, s’approchèrent de nous : deux de ces pirogues étaient remplies d’Indiens, qui, par leur maintien et leur habillement, paraissaient être d’un rang supérieur. Deux d’entre eux vin-