Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

district, sous le commandement d’un éri, est obligé de fournir son contingent de soldats pour la défense commune. J’ai remarqué plus haut que Topia faisait monter à six mille six cent quatre-vingt-six le nombre des combattans que tous les districts pouvaient mettre en campagne.

» Dans ces occasions, les forces réunies de toute l’île sont commandées en chef par l’éri rahié. Les démélés particuliers qui naissent entre deux éris se décident par leurs propres sujets, sans troubler la tranquillité générale.

» Ils ont pour armes des frondes, qu’ils manient avec beaucoup de dextérité, des piques pointues et garnies d’un os de raie, et de gros bâtons d’un bois très-dur, de six on sept pieds de long. On dit qu’ainsi armés, ils combattent avec beaucoup d’opiniâtreté ; cela est d’autant plus probable, qu’il est sûr qu’ils ne font point de quartier aux hommes, femmes ou enfans, qui tombent malheureusement dans leurs mains pendant la bataille, ou quelques heures après, c’est-à-dire, avant que leur colère, qui est toujours violente sans être durable, soit calmée.

» Pendant que nous étions à Taïti, l’éri rahié d’Obereonou vivait en bonne intelligence avec l’éri rahié de Tiarreba, l’autre péninsule. Quoique celui-ci s’arrogeât le titre de roi de l’île, l’autre souverain n’était pas plus jaloux de cette prétention chimérique que ne l’est sa majesté très-chrétienne de voir notre