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de l’Europe, lors du gouvernement féodal qui accordait une liberté licencieuse à un petit nombre d’hommes, et soumettait le reste au plus vil esclavage.

» Voici les différens ordres qu’il y a dans l’île : l’éri rahié, ou roi ; l’éri ou baron ; le manahouni, ou vassal ; et le téoutéou, ou paysan. L’île de Taïti est divisée en deux péninsules : chacune a un éri rahié, qui en a la souveraineté ; ces deux espèces de rois sont traités avec beaucoup de respect par les Taïtiens de toutes les classes ; mais ils ne paraissent pas exercer autant d’autorité que les éris dans leurs districts. Pendant notre séjour dans l’île, nous n’avons pas vu une seule fois le souverain d’Obereonou. Taïti est divisée en différens districts, qui sont à peu près au nombre de cent : les éris sont seigneurs d’un ou de plusieurs de ces cantons ; ils partagent leurs territoires entre les manahounis qui cultivent le terrain qu’ils tiennent sous le baron. Les Taïtiens de la dernière classe, appelés téoutéous, semblent être dans une situation approchante de celle des vilains dans les gouvernemens féodaux ; ils font tous les travaux pénibles, ils cultivent la terre sous les manahounis, qui ne sont que les cultivateurs de nom ; ils vont chercher le bois et l’eau, et, sous l’inspection de la maîtresse de la famille, ils apprêtent les alimens ; ce sont aussi eux qui pêchent le poisson.

» Chacun des éris tient une espèce de cour,