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qui n’ont aucun rapport avec la religion. Nous avons déjà décrit le tatouage : ce peuple a adopté la circoncision, sans autres motifs que ceux de la propreté. Cette opération, à proprement parler, ne doit pas être appelée circoncision, parce qu’ils ne font pas au prépuce une amputation circulaire : ils le fendent seulement à travers la partie supérieure, pour empêcher qu’il ne recouvre le gland. Comme les prêtres peuvent seuls faire les opérations du tatouage et de la circoncision, et que c’est le plus grand de tous les déshonneurs que de ne pas porter des marques de l’une et de l’autre, on peut les regarder comme des cérémonies qui rapportent des honoraires au clergé, ainsi que nos mariages et nos baptêmes. Les insulaires paient ces rétributions libéralement et de bon cœur, non d’après un tarif fixé, mais suivant le rang et les facultés des parties ou de leurs amis.

» Les moraïs, ainsi que nous l’avons déjà observé, sont tout à la fois des cimetières et des lieux de culte, et en cela nos églises n’y ressemblent que trop. Le Taïtien approche de son moraï avec un respect et une dévotion qui feraient honte au chrétien ; il ne croit cependant pas que ce lieu renferme rien de sacré ; mais il y va adorer une divinité invisible ; et quoiqu’il n’en attende point de récompenses et n’en craigne point de châtimens, il exprime toujours ses adorations et ses hommages de la manière la plus respectueuse et la plus humble.