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férens degrés de bonheur : ils appellent Taviroua Eraï le séjour le plus heureux, et ils donnent à l’autre le nom de Tiahobou. Ils ne les regardent pourtant pas comme des lieux où ils seront récompensés ou punis suivant la conduite qu’ils auront tenue sur la terre, mais comme des asiles destinés aux différentes classes d’hommes qui se trouvent parmi eux. Ils imaginent que les chefs et les principaux personnages de l’île entreront dans le premier, et les Taïtiens d’un rang inférieur dans le second ; car ils ne pensent pas que leurs actions ici-bas puissent avoir la moindre influence sur l’état futur, ni même qu’elles soient connues de leurs dieux en aucune manière. Si donc leur religion n’influe pas sur leurs mœurs, elle est au moins désintéressée ; et les témoignages d’adoration et de respect qu’ils rendent aux dieux par des paroles ou des actions, proviennent seulement du sentiment de leur propre faiblesse, et de l’excellence ineffable des perfections divines.

» Le caractère des prêtres ou tahooua est héréditaire dans les familles : cette classe d’hommes est nombreuse, et composée de Taïtiens de tous les rangs. Le chef des prêtres est ordinairement le fils cadet d’une famille distinguée, et ils le respectent presque autant que leurs rois. Les prêtres ont la plus grande partie du peu de connaissances qui sont répandues dans l’île ; mais ces connaissances se bornent à savoir les noms et les rangs des différens éatouas ou dieux subalternes, et les