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quelques femmes ne continuent à être réellement affligées de la mort du défunt ; dans ce cas, elles se font quelquefois tout à coup des blessures avec la dent d’un requin, quelque part qu’elles se rencontrent. Ce que nous venons de dire explique peut-être pourquoi Térapo, dans un accès de chagrin, se blessa elle-même étant dans le fort : quelque circonstance accidentelle pouvait lui rappeler alors le souvenir d’un ami ou d’un parent qu’elle avait perdu, et ranimer sa tendresse et sa douleur au point de lui faire répandre des larmes, et répéter le rite funéraire.

» Les cérémonies ne finissent pourtant pas avec le deuil ; le prêtre, qui est bien payé par les parens du défunt et les offrandes qui se font au moraï, récite toujours des prières. Quelques-unes des offrandes qui se déposent de temps en temps au moraï sont emblématiques : un jeune bananier représente le défunt, et la touffe de plumes la divinité qu’ils invoquent. Le prêtre, accompagné de quelques-uns des parens qui portent une petite offrande, se place vis-à-vis le symbole du dieu : il répète ses oraisons d’après une formule établie, qui est composée de phrases détachées : il entrelace en même temps des feuilles de cocotier en différentes formes ; il les dépose ensuite sur la terre, dans l’endroit où les os ont été enterrés, et s’adresse à la divinité par un cri très-aigu, dont ils ne se servent que dans cette occasion. Lorsque le prêtre se