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revêtent chacun à leur tour de l’habillement, et exercent l’office dont nous avons déjà donné une description en rapportant les funérailles d’une vieille femme qui mourut pendant notre séjour dans l’île, et auxquelles Toubouraï-Tamaïdé, son parent, faisait les fonctions de principal personnage du deuil. Nous n’avons pas pourtant encore expliqué pourquoi les Taïtiens s’enfuient à la vue du convoi. Le principal personnage du deuil porte un grand bâton plat armé de la dent d’un requin ; dans un transport frénétique que sa douleur est supposée lui inspirer, il court sur tout ce qu’il voit ; et s’il lui arrive d’attraper un Indien, il le frappe impitoyablement avec son bâton ; ce qui ne peut pas manquer de causer une blessure dangereuse.

» Ces convois continuent, à certains intervalles, pendant cinq lunes ; mais ils deviennent moins fréquens par degrés, à mesure que ce terme approche. Lorsqu’il est expiré, le reste du cadavre est tiré de la bière ; ils ratissent et lavent très-proprement les os, et les enterrent ensuite au dedans ou au dehors d’un moraï, suivant le rang qu’occupait le mort. Si le défunt était un eri ou chef, ils n’enterrent pas son crâne avec le reste des os ; ils l’enveloppent d’une belle étoffe, et le mettent dans une espèce de boîte faite exprès, qu’ils placent aussi dans le moraï : ce coffre est appelé evaré no te orometéa (la maison d’un docteur ou maître ). Après cela le deuil cesse, à moins que