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peu de distance du cadavre, des alimens et de l’eau ; mais on en a déjà parlé ailleurs, ainsi que des autres décorations.

» Dès que le corps est déposé dans le tépépaou, le deuil se renouvelle ; les femmes s’assemblent, et sont conduites à la porte par la plus proche parente, qui s’enfonce à plusieurs reprises la dent d’un requin dans le sommet de la tête : le sang, qui coule en abondance, est reçu soigneusement sur des morceaux de toile qu’ils jettent sous la bière. Les autres femmes suivent cet exemple, et réitèrent la même cérémonie pendant deux ou trois jours, tant que le zèle et la douleur peuvent la soutenir. Ils reçoivent de même sur des pièces d’étoffes les larmes qu’ils versent dans ces occasions, et ils les présentent comme des oblations au défunt. Quelques-uns des plus jeunes personnages du deuil se coupent les cheveux, et les jettent sur la bière avec les autres offrandes. Cette coutume est fondée sur ce que les Taïtiens, qui croient que l’âme subsiste après la mort, imaginent d’ailleurs qu’elle erre autour du lieu où l’on a déposé le corps auquel elle était unie ; qu’elle observe les actions des vivans, et goûte du plaisir de voir ces témoignages de leur affection et de leur douleur.

» Deux ou trois jours après que les femmes ont commencé ces cérémonies, les hommes prennent aussi le deuil ; mais avant ce temps ils ne paraissent sentir en aucune manière la perte du défunt. Les plus proches parens se