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n’avons point vu de maladies aiguës pendant notre séjour dans l’île. Les naturels cependant sont sujets aux érysipèles et à une éruption cutanée qui approche beaucoup de la lèpre. Ceux en qui cette maladie a fait de grands progrès vivent entièrement séparés de la société, chacun dans une petite cabane construite sur un terrain qui n’est fréquenté par personne, et où on leur fournit des provisions. Nous n’ayons pas pu connaître si ces malheureux avaient quelque espérance de guérison et de soulagement, ou si on les y laissait languir et mourir dans la solitude et le désespoir. Nous remarquâmes aussi un petit nombre d’insulaires qui avaient sur différentes parties du corps des ulcères qui paraissaient très-virulens ; mais ceux qui en étaient affligés ne semblaient pas y faire beaucoup d’attention ; ils les portaient entièrement à découvert, et sans rien appliquer dessus qui pût en écarter les mouches.

» Il ne doit pas y avoir de médecins de profession dans un pays où l’intempérance ne produit pas de maladies ; cependant partout où l’homme souffre, il fait des efforts pour se soulager ; et lorsqu’il ignore également le remède et la cause de la maladie, il a recours à la superstition ; ainsi, à Taïti, et dans tous les autres pays qui ne sont pas ravagés par le luxe, ou polis par les connaissances, le soin des malades est confié aux prêtres. La méthode que suivent les prêtres de cette île pour opérer la guérison, consiste principalement en prières et