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» Ils sont moins avancés dans l’art de mesurer les distances que dans celui de compter les nombres ; ils n’ont qu’un terme qui répond à notre brasse : lorsqu’ils parlent de la distance d’un lieu à un autre, ils l’expriment comme les Asiatiques, par le temps qu’il faut pour la parcourir.

» La langue des Taïtiens est douce et mélodieuse ; elle abonde en voyelles, et nous apprîmes aisément à la prononcer ; mais nous trouvâmes qu’il était très-difficile de leur enseigner à prononcer un seul mot de la nôtre. Cette difficulté provenait peut-être non-seulement de ce que l’anglais est rempli de consonnes, mais encore de quelque particularité dans sa forme, car ils prononçaient avec beaucoup de facilité les mots espagnols et italiens, lorsqu’ils finissaient par des voyelles.

» Nous ne connaissons pas assez leur langue pour savoir si elle est abondante ou stérile ; elle est sûrement très-imparfaite, car les noms et les verbes n’y ont presque aucune inflexion : elle a peu de noms qui aient plus d’un cas, et peu de verbes qui aient plus d’un temps. Nous ne trouvâmes pourtant pas beaucoup de difficulté à nous entendre mutuellement ; ce qu’on aura peut-être de la peine à croire.

» Il n’est pas besoin de dire qu’il y a peu de maladies chez un peuple dont la nourriture est si simple, et qui en général ne s’enivre presque jamais ; et si l’on en excepte quelques accès de colique qui leur arrive même rarement, nous