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» Les ivahahs sont les seules pirogues employées par les Taïtiens ; mais nous vîmes plusieurs palliés qui venaient des autres îles.

» Ils conservent ces pahiés avec beaucoup de soin sous une espèce de hangar construit de poteaux fichés en terre, dont les sommets sont rapprochés les uns des autres, et attachés ensemble avec de très-forts cordages : ils forment ainsi une espèce d’arc gothique, recouvert partout de chaume jusqu’à terre, excepté aux deux extrémités, qui sont ouvertes ; quelques-uns de ces hangars ont cinquante à soixante pas de longueur.

» À l’occasion de la navigation de ces peuples, je parlerai de leur sagacité étonnante à prévoir le temps qui arrivera, ou du moins le côté d’où soufflera le vent. Ils ont plusieurs manières de pronostiquer ces événemens ; mais je n’en connais qu’une : ils disent que la voie lactée est toujours courbée latéralement, mais tantôt dans une direction, et tantôt dans une autre, et que cette courbure est un effet de l’action que le vent exerce sur elle, de manière que, si la même courbure continue pendant la nuit, le vent correspondant soufflera sûrement le lendemain. Je ne prétends pas juger de l’exactitude des règles qu’ils suivent : je sais seulement que, quelque méthode qu’ils emploient pour prédire le temps, ou au moins le vent qui soufflera, ils se trompent beaucoup plus rarement que nous.

» Dans leurs plus grands voyages ils se diri-