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est d’un peu moins de vingt-cinq : il est fixé à un châssis sur la pirogue, et porte une voile de natte dont la longueur surpasse la sienne d’un tiers. La voile est aiguë au sommet, carrée à la base, et échancrée sur les côtés ; elle ressemble un peu à celle dont on se sert sur les canots des vaisseaux de guerre : elle est placée dans un châssis de bois qui l’entoure de chaque côté, de manière qu’on ne peut ni la riser ni la ferler ; et si l’une ou l’autre de ces deux manœuvres devient nécessaire, il faut la couper, ce qui pourtant arrive rarement dans ces climats où le temps est si uniforme. Les Indiens attachent au sommet du mât, pour l’orner, des plumes qui ont une inclinaison oblique en avant. Les rames ou pagaies dont on se sert dans ces pirogues ont un long manche et une pale plate, et sont assez ressemblantes à la pelle d’un boulanger. Chaque personne à bord de la pirogue, excepté celles qui sont assises sous le pavillon, manie une de ces rames, qui font marcher le bâtiment assez vite : ces pirogues cependant font tant d’eau par les coutures, qu’un Indien, au moins, est sans cesse occupé à la vider. Ces bâtimens sont très-propres pour le débarquement et pour s’éloigner de la côte, lorsqu’il y a de la houle ; au moyen de leurs grandes longueurs et de leurs poupes élevées, ils débarquent à sec, quand nos bateaux pourraient à peine venir à bout d’aborder, et l’élévation de leur avant leur donne le même avantage pour s’éloigner d’un rivage.