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faites d’arbre à pain, qui est un bois léger, spongieux et qui se travaille aisément ; ils aplanissent très-promptement les planches avec leurs haches, et ils sont si adroits, qu’ils peuvent enlever une légère écorce sans donner un seul coup mal à propos. Comme ils ne connaissent point la manière de plier une planche, toutes les parties de la pirogue, creuses ou plates, sont taillées à la main.

» On peut diviser en deux classes les pirogues dont se servent les Taïtiens et les habitans des îles voisines ; ils appellent les unes ivahahs, et les autres pahiés.

» L’ivahah, qu’ils emploient dans les petites excursions, a les côtés perpendiculaires et le fond plat, et le pahié, qu’ils montent dans les voyages plus longs, a les côtés bombés et le fond en forme de quille. Les ivahahs sont tous de la même forme, mais d’une grandeur différente, et servent à divers usages. Leur longueur est de dix à soixante-douze pieds ; mais la largeur ne suit pas cette proportion. Les ivahahs longs de dix pieds ont à peu près un pied de large, et ceux qui ont plus de soixante-dix pieds de longueur n’en ont guère que deux de largeur ; ils distinguent l’ivahah de combat, l’ivahah de pèche et l’ivahah de voyage ; car quelques-uns de ces derniers vont d’une île à l’autre. L’ivahah de combat est le plus long de tous ; la poupe et la proue sont fort élevées au-dessus du corps de bâtiment dans la forme d’un demi-cercle ; la poupe en particulier a