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tissent des maisons, construisent des pirogues, taillent des pierres, abattent, fendent, sculptent et polissent des bois.

» La pierre dont ils forment le taillant de leurs haches est une espèce de basalte d’une couleur noirâtre ou grise, qui n’est pas très-dure, mais qui ne s’égrène pourtant pas facilement. Ces haches sont de différentes grandeurs ; celles qui leur servent à abattre des bois pèsent de six à huit livres ; d’autres qu’ils emploient pour sculpter sont du poids de sept ou huit onces : comme il est nécessaire de les aiguiser presqu’à chaque instant, l’ouvrier a toujours près de lui pour cela une écale de coco remplie d’eau.

» Le travail le plus difficile pour les Taïtiens, c’est d’abattre un arbre ; c’est aussi celui où ils ressentent davantage le défaut de leurs instrumens ; cette besogne demande un certain nombre d’ouvriers, et le travail constant de plusieurs jours. Lorsque l’arbre est à bas, ils le fendent par les veines, dans toute sa longueur et toute sa largeur, en planches de trois à quatre pouces d’épaisseur. Il faut remarquer que le tronc de la plupart de ces arbres a huit pieds de circonférence, et que l’épaisseur est à peu près la même dans toute sa longueur, qui est de quarante pieds jusqu’à la naissance des branches. Ils appellent avié l’arbre qui leur sert communément de bois de construction ; la tige en est élevée et droite ; quelques-unes cependant des plus petites pirogues sont