Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de lime ; ils leur donnent la forme d’un hameçon ; ils font ensuite un trou au milieu ; leur vilebrequin est la première pierre qu’ils trouvent avec une pointe aiguë ; ils attachent cette pierre au bout d’un petit bâton de bambou, et ils tournent cet instrument dans leurs mains de la même manière que nous tournons un moussoir à chocolat. Lorsque la coquille est percée et que le trou est assez large, on y introduit une petite lime de corail, au moyen de laquelle l’hameçon est fini dans très-peu de temps ; car l’ouvrier n’emploie guère plus d’un quart d’heure à ce travail.

» Le lecteur a déjà pris quelque idée de la maçonnerie, de la sculpture et de l’architecture des Taïtiens, dans la description que j’ai donnée des moraïs ou lieux où ils déposent leurs morts. Les pirogues sont les autres objets les plus importans de leur art de construire et de sculpter en bois ; c’est peut-être pour ces insulaires un aussi grand travail de fabriquer une de leurs principales pirogues avec leurs instrumens que pour nous de construire un vaisseau de guerre avec les nôtres.

» Ils ont une hache de pierre, un ciseau ou gouge fait avec un os humain, et ordinairement avec l’os de l’avant-bras, une râpe de corail et la peau d’une espèce de raie qui, avec du sable de corail, leur sert de lime ou de pierre à aiguiser.

» Voilà le catalogue complet de leurs instrumens ; et avec ce petit nombre d’outils ils bâ-