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roua, espèce d’ortie qui croît dans les montagnes, et qui, par cette raison, est un peu rare, les meilleures lignes pour la pêche qu’il soit possible de trouver. Ils attrapent avec ces lignes les poissons les plus forts et les plus fretillans, tels que les bonites et les thons, qui rompraient dans un instant nos lignes de soie les plus fortes, quoiqu’elles soient deux fois aussi épaisses que celles des Taïtiens.

» Ils font aussi une espèce de seine d’une herbe qui a les feuilles larges et grossières, et dont la tige ressemble au glaïeul. Ils entortillent et joignent ensemble ces herbes jusqu’à ce que le filet, qui est à peu près aussi large qu’un grand sac, ait soixante à quatre-vingt brasses de long. Ils la tirent dans les bas-fonds, et le propre poids de la seine la tient si bien au fond de la mer, qu’un poisson peut difficilement échapper.

» Les Taïtiens montrent une sagacité et une industrie extrêmes dans tous les expédiens qu’ils emploient pour prendre des poissons. Ils ont des harpons de bambou dont la pointe est d’un bois dur, et ils frappent le poisson plus sûrement avec cet instrument que nous ne le pouvons faire avec nos harpons de fer, quoique les nôtres aient d’ailleurs l’avantage d’être attachés à une ligne ; de manière que, si le croc atteint le poisson, nous sommes sûrs de l’attraper, quand même il ne serait pas mortellement blessé.

» Ils ont deux sortes d’hameçons construits