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le pohec, l’eurhé ou convolvulus brasiliensis ; et l’éboua, espèce de solanum. Le mélange de ces diverses plantes, ou la différente dose qu’ils emploient, produit sur leurs étoffes plusieurs nuances de couleurs dont quelques-unes sont fort supérieures aux autres.

» La beauté de la meilleure n’est pas permanente ; il est pourtant probable qu’on pourrait, par des expériences, trouver quelque méthode pour la fixer, et il serait très-utile de rechercher les qualités que donnerait le mélange d’une substance végétale avec une autre. La manière dont on a découvert nos plus belles couleurs suffit pour encourager cette entreprise : à l’inspection de l’indigo, du pastel, de la gaude et de la plupart des plantes qu’on emploie dans nos teintures, on n’imaginerait pas qu’elles contiennent les couleurs qu’on en tire. Je terminerai ce que je viens de dire du rouge des Taïtiens en ajoutant que les femmes qui ont servi à le préparer ou à l’appliquer sur les étoffes conservent avec soin, comme un ornement, cette couleur sur leurs ongles et leurs doigts, où elle paraît dans sa plus grande beauté.

» Leur jaune est composé de l’écorce de la racine du nono (morinda citrifolia), qu’ils ratissent et font infuser dans l’eau. Après qu’on l’y a laissée tremper pendant quelque temps, l’eau se colore, et on y plonge l’étoffe pour la teindre. On devrait examiner si le morinda, dont le nono est une espèce, ne pourrait pas