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contiennent, à mesure qu’on les presse. Comme ces feuilles ont peu de suc par elles-mêmes, elles ne donnent guère que celui dont elles étaient imbibées. Lorsque ce premier suc est entièrement exprimé, on imprègne de nouveau les feuilles, et on continue la même opération jusqu’à ce que la liqueur qui passe à travers ne soit plus colorée : les feuilles de l’étou sont jetées de côté ; mais on conserve le moué, qui, étant profondément imbibé de la couleur, sert de brosse pour étendre la teinture sur l’étoffe.

» On reçoit toujours la liqueur exprimée dans de petits vases faits de feuilles de bananier. Je ne sais pas si cette feuille a quelque qualité favorable à la teinture, ou si les Taïtiens ont adopté cet usage parce qu’il est facile de se procurer du bananier et de distribuer ces petits vases parmi les ouvriers.

» Ils ne teignent ordinairement leur étoffe légère que sur les bords ; ils répandent au contraire des couleurs sur toute la surface de celle qui est plus épaisse : ils ne les appliquent que d’un côté, comme la peinture ; et quoique j’aie vu de l’étoffe légère trempée entièrement dans la liqueur, la couleur n’avait pas le même brillant et le même lustre que lorsqu’elle y avait été mise de l’autre manière.

» La feuille de l’étou est généralement employée dans ce procédé, et produit probablement la plus belle couleur ; cependant ils composent un rouge avec le suc de leurs figues mêlé dans le taheinou, espèce de tournefortia,